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Les heures bleues

 

 

Il y a de ces heures qui amorcent les choses

Des éphémères, des indélébiles,

Qui se murmurent sans que l’on y pense

De celles-ci, naissent les promesses et les désillusions,

Les lunes malades et les soleils brouillons.

 

Comme deux parenthèses entre nos mondes lessivés

Tantôt chimères, tantôt nuées

Tantôt légères, tantôt plombées

Absentes de nos jours et de nos nuits

A l’orée du bois, sur les océans endormis

Le cerf y brame, la corneille y rit

 

Comme une fumée opaline

Les heures bleues ont lâché les chiens, sonné le glas,

Vomi les ravagés et les buveurs d’eau de feu,

Avalé quelques pêcheurs de congres et serré les dents.

Elles noient les poissons et révèlent les absences

Brisent les hommes et mordent les enfants,

Avec ce venin qui anesthésie, les cœurs et les cerveaux.

 

Heures bleues, fausses jumelles amoureuses,

Espoir chevauchant labeur et sommeil impossible

A fleur de colline, au creux d’un labour

Impassibles nuances.

 

Certains les nomment aurore, d’autres crépuscule

Je n’y vois que beauté pure, instant de grâce,

Où se meurt les uns et renaissent les autres

Embourbés dans la fumée bleutée d’un songe

Comme un cadeau,

A la portée de tous

Un manège incessant

Enivrant.

 

Une poésie.

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